lundi 13 avril 2009

Émile Nelligan

Connaissez-vous un des grands poètes québécois, Émile Nelligan? Né à Montréal en 1879, il a commencé très tôt à écrire de la poésie. Mais dès la vingtaine, son âme est tourmentée par la maladie mentale qui le frappe (schizophrénie) et plusieurs de ses poèmes sont le reflet de son déchirement intérieur. Il fût interné pendant 42 longues années, jusqu'à sa mort en 1941.
Voici quelques-uns de ses poèmes, que je dédis à toutes les personnes souffrant de troubles de la santé mentale. J'aime beaucoup "Berceuse" car il m'arrive de temps en temps de me retrouver dans ses mots, ou ses maux...
"Le Vaisseau d'or", écrit au début de sa maladie, raconte, selon les critiques, la prise de conscience de Nelligan de sa chute dans les ténèbres de la schizophrénie.



BERCEUSE
Quelqu'un pleure dans le silence
Morne des nuits d'avril ;
Quelqu'un pleure la somnolence
Longue de son exil.
Quelqu'un pleure sa douleur
Et c'est mon cœur...


LA CLOCHE DANS LA BRUME

Écoutez, écoutez, ô ma pauvre âme ! Il pleure
Tout au loin dans la brume ! Une cloche ! Des sons
Gémissent sous le noir des nocturnes frissons,
Pendant qu'une tristesse immense nous effleure.


À quoi songiez-vous donc ? à quoi pensiez-vous tant ?...
Vous qui ne priez plus, ah ! serait-ce, pauvresse,
Que vous compariez soudain votre détresse
À la cloche qui rêve aux angélus d'antan ?...


Comme elle vous geignez, funèbre et monotone,
Comme elle vous tintez dans les brouillards d'automne,
Plainte de quelque église exilée en la nuit,


Et qui regrette avec de sonores souffrances
Les fidèles quittant son enceinte qui luit,
Comme vous regrettez l'exil des Espérances.


LE VAISSEAU D'OR

Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif :
Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues ;
La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,
S'étalaient à sa proue, au soleil excessif.


Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.


Ce fut un Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.


Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
Qu'est devenu mon cœur, navire déserté ?
Hélas! Il a sombré dans l'abîme du Rêve!


Pour mieux connaître Nelligan et son œuvre: http://www.emile-nelligan.com/

Françoise

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