mardi 7 juillet 2009

Connaissez-vous Jean Narrache?


J'ai retrouvé dans ma bibliothèque un petit livre qui appartenait à mon père, édité en 1932: de Jean Narrache, Quand j'parl' tout seul. C'est un poète québécois, pharmacien de profession, dont le nom véritable était Émile Coderre (1893-1970). Il a écrit quelques volumes de poésie qui évoquaient la misère des pauvres et des humbles. J'ai découvert en le relisant quelques perles sur la société québécoise, ou canadienne française comme on disait à l'époque. Je vous partage un poème sur notre fête nationale, la St-Jean-Baptiste. Comme vous le verrez, le nationalisme n'a pas débuté avec le parti québécois... Déjà, en 1932, il avait une idéologie encore populaire aujour'hui... N'oubliez pas, c'est écrit en langage populaire.

Jean Narrache


Notre fête nationale

C't'aujourd'hui la Saint-Jean-Baptiste,
c'est l'jour qu'on promèn' notr' mouton :
faut qu'le peupl' canayen s'réjouisse
d'avoir un Juif pour son patron.


L'mouton c'est notre emblèm', bondance !
Ça nous ressembl' comm' deux goutt's d'eau.
Ça suit toujours, ça pas d'défense,
ça s'laiss' manger la lain' su' l'dos.


On fait l'élog' de nos grands pères
dans des discours patriotards.
J'crois qu'si les vieux r'venaient su' terre.
Y nous flanqu'raient leu' pied quequ'part.


On est tout un peupl' de mitaines ;
on s'laiss' m'ner par le bout du nez.
On veut mêm' pas s'donner la peine
de défendr' c'qui nous ont donné.


On fait des discours magnifiques
pis des processions l'vingt-quatr' juin,
mais nos élans patriotiques
sont déjà oubliés l'lend'main.


On crie : « Encourageons les nôtres»
« Soyons des frèr's ! Mercier l'a dit. »
Mais les plus gueulards d'ces apôtres
s'habill'nt chez les Juifs à crédit.


C'est ça notr' grand patriotisse ;
des mots, du vent pis des drapeaux,
pis, mêm' ces drapeaux-là, torvisse !
vienn'nt d'chez Eaton de Toronto !









Françoise

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