Me revoici avec un poème sur l'histoire de ma vie. Je réalise que c'est très guérissant de raconter en vers ce qui m'est arrivé, ça me permet de prendre conscience d'émotions ou de souvenirs enfouis... Je vous le partage bien simplement, avec une photo de la petite Françoise à 2 ans, encore remplie de rêves et d'espoir... Belle petite fille, n'est-ce-pas?
Françoise
Ma vie
Comme le temps file!
Telle une cinéphile
Je regarde sur un écran ma vie qui défile
Sur la scène du temps
Déjà 51 printemps
Parmi eux de bons et de mauvais moments
Je me revois en Gaspésie à mes 2 ans
Souriante et cheveux au vent
Je mordais dans la vie à pleines dents
Jouant dans le sable sur le bord de la mer
Étant la princesse d’un monde imaginaire
Construisant des châteaux avec un seau et une cuiller
Peu à peu j’ai grandi et j’ai vu la vie différemment
Terminée la princesse et son prince charmant
La vie soudain est devenue plus difficile qu’avant
Autour de moi la maladie est apparue
J’ai côtoyé la mort plus vite que je ne l’aurais cru
“Où il est grand-papa, pourquoi a-t-il disparu?”
«Il est parti faire un long voyage» m’a dit grand-maman
«Quand va-t-il revenir?» ai-je demandé longtemps
La mort, c’est compliqué pour une enfant de 5 ans
A l’école j’ai eu du bon temps
Apprendre des choses nouvelles était un beau passe-temps
Rencontrer des amis était intéressant
À la maison le climat était plus inquiétant
En raison principalement de la maladie de maman
J’avais très peur de la perdre définitivement
Je revois également l’air autoritaire de mes parents
Fatigués, âgés, peu de temps pour les enfants
J’aurais aimé un peu plus d’affection de temps en temps
A 6 ans, a commencé pour moi un long calvaire
Celui de l’angoisse et de la peur de l’enfer
Tellement le Dieu de mon père était dur à satisfaire
En plus, moi qui avais si peur de perdre maman
Voilà que mon père décède subitement
Je venais tout juste de fêter mes 16 ans
Ce fut pour moi comme si la vie s’était arrêtée
Celui que je croyais mon pilier était décédé
«Que va-t-il nous arriver?» me suis-je demandée
J’ai découvert là qu’il était ma raison d’exister
Que c’est pour lui que j’avais toujours performé
J'avais senti sa tristesse cachée et essayé de l’aider
Comme il me manque encore dans la vie
J’aurais eu besoin de son réconfort et de ses avis
Mon deuil de lui est loin d’être fini…
Ma mère a ensuite sombré dans une profonde dépression
Elle a choisi l’alcool comme moyen d’évasion
Rien ne semblait nous aider, pas même la religion
Alors a commencé un grand déracinement
Quitter la Gaspésie et la mer que j’aimais tant
Arriver à Québec pour la première fois, ce n’était pas évident
À 17 ans, je suis entrée à l’université
Entre m’adapter aux études, à la ville et ma mère déprimée
J’étais, je m’en rappelle, complètement découragée
J’ai réussi à survivre, je ne sais pas trop comment
Je me sentais vraiment très mal par en dedans
Je n’avais personne, sauf mon chien, à qui confier mon affolement
J’ai eu besoin de prendre un peu de distance avec ma mère
Tout en me sentant responsable d’elle et de mon frère
J’avais pris cette décision sur la tombe de mon père
Je me suis éloignée légèrement pour travailler en CLSC
Toutes les fins de semaine je m’obligeais à les visiter
Je me sentais si pauvre, impuissante à les aider
Un jour, de maladie en maladie, ma mère est décédée
J’avais espéré une délivrance mais je me sentais obsédée
En moi, la colère et le chagrin ne cessaient de s’affronter
C’est alors qu’un cadeau du Ciel m’est arrivé
Je me suis retrouvée à la Maison Jésus-Ouvrier
A travers un pardon à ma mère, le cœur de Dieu j’ai rencontré
Pour la première fois de ma vie, j’ai senti Son Amour remplir mon cœur
Moi qui croyais, comme me le disait ma mère, que j’étais une sans-cœur
Je n’oublierai jamais cet instant de bonheur
Il fut le point de départ d’un long cheminement
Qui m’a fait descendre en moi profondément
Pour déraciner la peine, la colère enfermées depuis si longtemps
Je ressentais tellement ma pauvreté
Je n’arrivais pas vraiment à m’aimer
Encore moins à accepter ce qui m’était arrivé
Peu à peu, l’amour de Dieu en moi s’est infiltré
Il est venu ouvrir mon cœur enchaîné et me libérer
Grâce à de bonnes personnes qui m’y ont aidée
J’ai découvert que ce qui chez moi m’avait déçue
Avait besoin de mon amour et non de mon refus
C’est l’amour qui guérit, la haine de soi n’en parlons plus
J’ai retrouvé en moi des émotions, des désirs et des qualités
Que par crainte du rejet j’avais depuis longtemps refoulés
Qu’est-ce qu’on ne fait pas pour tenter d’être acceptée…
J’avais essayé de répondre aux attentes de mes parents
De mes éducateurs, de mes collègues et même de mes patients
Je vous dis qu’à la longue, ça devient épuisant
J’ai dû découvrir mes propres choix, tout ce que j’avais fait taire
Même la médecine que j’avais choisie pour faire plaisir à ma mère
Ce fut pendant un long moment une vraie crise identitaire
J’en suis sortie grandie et riche de nouvelles valeurs
J’essaie maintenant d’écouter mon cœur et non mes peurs
Ce n’est pas toujours facile et jamais totalement sans douleur…
Moi qui ai longtemps pensé que la vie est un combat
Je crois maintenant qu’elle est un chemin où je marche pas à pas
Je sais que je ne suis plus seule, jamais Dieu ne m’abandonnera
Il y a en moi dorénavant beaucoup plus de paix et de liberté
J’essaie de dire mon oui à tout ce qui peut m’arriver
Au lieu de m’énerver ou pire encore de me révolter
Bien sûr, je tombe encore de temps en temps
Dans mes fragilités, colère ou ressentiment
Sous des dehors brusques, je suis très sensible intérieurement
J’ai toujours dit que je ressemblais à un hérisson
Je sors mes piquants quand j’ai peur comme de raison
D’être blessée dans ma vulnérabilité, c’est ma pire obsession
Maintenant je me relève plus facilement
J’ai appris à mieux m’aimer c’est important
Avec mes fragilités, mes limites et mes forces je vais de l’avant
J’ai heureusement un travail qui est pour moi une vocation
Aider les autres dans leur démarche de guérison
De mon passé blessé est issue ma mission
J’ai eu aussi la chance d’avoir des amis pour cheminer
Je me suis engagée dans la communauté pour partager ce qui m’a été donné
Tranquillement, j’apprends à me laisser apprivoiser
Je cherche toujours à compléter ma guérison
Sessions, lectures, thérapies et oraison
Rien n’est acquis alors voilà des outils qui ont du bon
Maintenant la règle de vie que j’essaie d’appliquer :
Accepter ce qui m’arrive, agir sur ce que je peux changer
Pour le reste, j’essaie de m’abandonner
Je suis très fière du travail sur moi que j’ai accompli
Je ressens davantage de plaisir dans la vie
Grâce à mes beaux petits chiens, mon travail, ma foi et mes amis
Je ne sais pas combien de temps il me reste dans la vie
Peu importe, je prends chaque jour comme un nouveau défi
Enfin je peux dire : «c’est si beau la vie!»
Françoise
27 févr., 09
Chère Françoise,
RépondreSupprimerJe viens de lire votre dernier poemes que de richesse et de chemin parcourue,merci de nous partager ces moments si précieux,c'est une grande joie pour moi de pouvoir faire partie de votre blog, je me sens privilégié, même recevoir une photo était un rêve et voila que j'en ai davantage merci Seigneur pour ce beaux cadeaux qui me fait du bien.
Rayon de Soleil
Merci beaucoup Rayon de Soleil de ces commentaires élogieux. Je suis contente si ça peut te faire du bien. Ne lâche pas! :)
RépondreSupprimerFrançoise
Françoise,
RépondreSupprimerC'est émouvant de te lire. Dieu, quel travail de reconstruction et de grâce. Tu sais, la vie ne nous fait jamais défaut quand nous lui ouvrons la porte d'en avant!
Continue, ça vaut vraiment la peine...
Bonne journée.
Raymonde
Merci Raymonde,
RépondreSupprimerComme tu le sais, tu as été "l'artisane" de ma démarche de guérison intérieure puisque tu m'as accompagnée en thérapie durant 5 ans. Je te remercie pour ton écoute, tes conseils, ta compassion. Je me rappellerai toujours, lors de notre séjour à Lourdes, France, lorsque je me sentais si mal et que j'étais repliée sur moi-même dans ma douleur, tu m'as dit: »Tu sembles souffrante Françoise.» J'étais abasourdie: pour la première fois de ma vie une personne ne me disait pas que j'avais l'air bête dans ces moments-là mais mettait des mots qui me rejoignaient au plus profond du coeur en identifiant exactement comment je me sentais: souffrante. Et tu m'as offert ton aide. Ce fut le point de départ de mon choix de faire confiance et d'oser entrer en moi-même en thérapie pour voir et sentir ce qui était enfoui depuis si longtemps en moi: ma colère, ma fragilité, mon chagrin. Je n'oublierai jamais cette aide que tu m'as apportée. Merci infiniment!
Françoise