mardi 24 février 2009

Poème à ma mère


Voici un poème (slam...) que j'ai écrit aujourd'hui en ce 25e anniversaire du décès de ma mère. Je vous le partage et je l'offre à toutes les mères du monde entier. Puisse-t-il vous aider dans votre relation avec votre mère.

Ma mère

Aujourd'hui pour moi sort de l'ordinaire
Il constitue un bien triste anniversaire
Il y a 25 ans décédait ma mère
Parfois j'ai l'impression que c'était hier...

Ce n'était certes pas une femme de tempérament facile
Pour elle la vie a été très tôt difficile
A peine 18 mois et sa mère est décédée
Ensuite pour le reste de sa vie, la maladie l'a accompagnée

Elle a bien fait un cours d'infirmière
A travaillé quelques années dont elle était fière
Puis elle s'est mariée, à l'aube de la trentaine
Les premiers temps sa vie semblait plutôt sereine

Puis de nouveau la maladie la côtoie
D'abord pendant qu'elle était enceinte de moi
Le médecin lui a alors annoncé:
«Ce sera vous ou le bébé, choisissez»

Dans le sein de ma mère je désirais la vie
Au fond d'elle-même elle a entendu mon cri
Bien que foetus, je ne voulais pas la tuer
Mais j'avais en moi une furieuse envie d'exister

Finalement, malgré toutes ces frayeurs je suis née
Je m'étais faite toute petite pour ne pas la déranger
Pas même trois kilos,
à terme, ce n'est pas bien gros...

Ensuite est venu mon frère...
Elle et lui ont eu de la misère
La mère et le fils malades à l'hôpital
Comme début de vie, j'vous dis que ce n'est pas l'idéal

Par la suite, elle n'a jamais vraiment récupéré
Je me rappelle qu'elle était souvent couchée
A mon souvenir, elle a été opérée 23 fois
Toute la famille à chaque fois, nous étions aux abois

Aussi loin que je me souvienne
J'ai toujours eu peur qu'une maladie l'emmène
J'aurais mieux aimé avoir une mère en santé
Avec elle alors j'aurais pu m'amuser et dialoguer

Sa maladie a complètement changé son caractère
D'un naturel joyeux, elle est devenue triste et sévère
Elle ne faisait plus que vivre dans le passé
Où elle nous racontait sans cesse ses bonnes années

Mais nous, nous avions de la difficulté à la croire
Car nous l'avions toujours connue avec son désespoir
Un jour à mes 16 ans, drame dans ma vie
A mon grand désarroi, c'est mon père qui est parti

Mort subite, son coeur un beau soir de janvier a éclaté
Moi qui imaginais que ma mère serait la première à décéder
Je vous dis combien grande fut mon insécurité
Que ma mère parte et que mon frère et moi soyons séparés

Le décès de mon père, la maladie et les ennuis financiers
Ma mère n'a pas pu tout supporter
Dans l'alcool elle a cherché le réconfort
Malheureusement je crois qu'elle s'est fait du tort

Sur elle-même elle s'est complètement repliée
Oubliant presque qu'elle avait 2 enfants à élever
Déjà que notre vie n'était pas toujours facile
A partir de là, elle est devenue carrément difficile

J'ai fait un médecin pour lui plaire et la soigner
Hélas, cela ne nous a pas aidées à mieux communiquer
Un jour, de maladie en maladie, elle est partie
Je croyais son calvaire et le mien finis...

Mais j'étais rongée par les blessures du dedans
Remplie de chagrin et de ressentiment
Un jour, par grâce, je lui ai pardonné
Mon coeur s'en est alors senti libéré

Mais son amour de mère m'a toujours manqué
Il me semble que la tendresse en moi est bloquée
Vous allez rire: heureusement que mes chiens m'aiment inconditionnellement
C'est selon moi ce qui se rapproche le plus de l'amour que devrait avoir une maman...

Il n'y pas si longtemps, j'ai rêvé à elle
Elle m'offrait son aide du haut du Ciel
Elle me disait: «Tu ne me laisses pas t'aider»
En m'éveillant, j'ai bien vu que c'était la vérité

Je me disais: «Tu n'as pas su m'aider sur terre,
Comment maintenant pourrais-tu le faire?»
Mais qu'est-ce que je risque d'essayer de lui demander de veiller sur moi
Aujourd'hui, maman, 25 ans après ton départ, je me confie à toi:

Viens ouvrir mon cœur à plus de douceur et de tendresse
Pose sur moi ta main pour que je sente tes caresses
Que je me laisse aimer sans avoir peur d'être blessée
Et pour la vie que tu m'as donnée, laisse-moi te remercier.

Françoise
24 fév. 2009

2 commentaires:

  1. Bonsoir Françoise,

    J'ai commencé un roman et en relisant l'introduction, je trouve que ça me ressemble et , par hasard, ça te ressemble aussi. Du moins, je le crois. Pourrais-tu le confirmer où l'infirmer.

    Ce soir là, elle réalisait qu'elle avait perdu toute sa révolte. Il y avait bien en elle un fond de colère qui dormait comme une source qui manque d'eau.

    Quand la pluie des contrariétés nourrissait le puits, une vrille tournait... tournait et perçait un trou dans le fond dans le fond de ses entrailles. Un mot ironique, une relique durcie et amère s'échappait comme un jet. Et alors, la culpabilité, cette vieille compagne de ses nuits, multipliait les remords et les reproches scandant la dérangeante question: As-tu une place dans la vie?

    Aujourd'hui, elle pouvait dire: Oui j'ai ma place. La vie lui en avait fourni tant de preuves qu'elle n'avait pas su lire et les évidences s'étaient égrenées au fil des minutes, des secondes mêmes.

    Sans bruit, comme il le fait, le temps se rattrapait aujourd'hui. Sa place devenait réelle, concrète, ciselée par le fil des expériences. Bien campée dans sa vie, elle se laissait griser par une apaisante tranquillité.

    Elle tamisa la lumière pour rejoindre la vie tout au fond d'elle même. Le dehors lui semblait superflu, dérangeant. Trop de regards différents, inquisiteurs, trop d'intrusions risquaient de faire une brèche bruyante et incongrue. Cette enveloppante tranquillité permettrait sans doute aux souvenirs enfouis de refaire surface et de retisser le fil des événements qui avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui.

    Relire ma vie se disait-elle... Brosser le tableau des jours et des nuits que l'angoisse avait cadenassé. Retrouver les gains, annuler les pertes qui les uns et les autres révélaient la grandeur et le pouvoir d'un germe de vie qui s'était battu à tout vent.

    Je pense continuer... si ça vaut la peine...

    Bonne soirée.

    Raymonde

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  2. Chère Raymonde,
    Comme tu écris bien. Je suis charmée par la profondeur de ton texte. Oui, je trouve que ça te ressemble beaucoup et un peu à moi aussi...
    Je t'encourage à continuer, surtout si ça te fait du bien de livrer par les mots une partie de toi. Comme dit le dicton: "ce qui ne s'exprime pas s'imprime..."
    Merci de partager sur mon blog, tu es toujours la bienvenue.
    Françoise

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